L’Étranger
1.
Il fait nuit et il pleuvote. Je marche à travers l’herbe mouille, toujours à moitié saoul et plein de coke, un gros joint entre mes doigts. Avec une profonde bouffée, je remplis mes poumons et laisse mes alvéoles s’imprégner de THC et de goudron, pour me sentir un peu plus détendu. Mes pieds sont humides, je suis de mauvaise humeur et déprimé, contre cela, l ‘alcool et le coke ne m’ont pas trop aidé. Ma direction me force de sauter un petit ruisseau pour échapper à ce chemin merdique. Pourquoi diable je traîne par ici ? Comment Diable suis-je arrivé ici ? Un peu plus loin il y a un grand arbre, je commence à en avoir marre de cette maudite pluie et je décide de m’asseoir en dessous. Une grande bouffée de fumée quitte mes poumons pendant que je m’assoie et soupire car mon corps commence lentement à protester après un long week-end de drogues et de fête. Pendant je remplis à nouveau mes poumons, je vois sous la lumière de la lune , quelqu’un s’approcher.

2.
Des pensées et des souvenirs traversent ma tête. Est-ce que l’on me suit depuis un bon moment et je ne l’ai pas remarqué ? Mais non…fuck it, je suis fatigué et je n’en peux plus. Je rallume mon mégot et inhale. La fumée s’élève et une silhouette se tient devant moi, un grand chapeau de cowboy sur la tête et habillé d’un lourd imperméable qui descend jusqu’au sol. Je ne peux que pincer mes lèvres et siffler la mélodie bien connue d’un certain Western et attends qu’il tire son colt. Il me demande, s’il peut s’asseoir à côté de moi. J’acquiesce et lui offre mon joint, tandis qu’il s’assoie. Non merci, dit-il, ce truc est créé par mon père, moi j’en suis allergique. Toute la chimie par contre, qui court là dans tes artères est créée par moi. Donne m’en encore plus, je dis et inhale. Ne tu me reconnais pas ? demande l’étranger, qui me semble néanmoins familier. Non, ?je réplique : une fête ? Ou es-tu le frère de quelqu’un… ? Moi, je te connais depuis ton enfance, retorque-t-il.

3.
Maintenant tu commences un peu à m’inquiéter, mon cher, dis-je à l’étranger un peu plus sérieux, avec ironie. Si je voulais ta mort, nous ne sérions pas assis ici à bavarder . Je lui offre de nouveau mon joint. Il rie. Il demande : Sais-tu pourquoi je suis ici, et je réponds : Oui. Tu n’as rien à m’offrir et moi, je n’ai plus rien à perdre, parce que tout est déjà perdu. Je suis jusqu’au cou dans les drogues et la violence et je m’en fiche de mourir, s’il c’est mon heure… Mais ne veux-tu pas être le plus grand, le plus riche et le plus puissant dans ton monde actuel ? J’ai envie de rire et dis : En échange de mon âme ? Celles de mon père et de ma mère tu peux les avoir gratuitement, sans que cela ne me rende plus sage. Ma famille te donnerait la mienne contre une voiture d’occase, si elle était assise ici avec toi sous cette arbre. Il rie alors plus fort qu’avant, pointe son doigt sur moi et dit : Tu es encore plus fou que je ne pensais. Toussant, haletant, hochant je recommence à rire et le regarde de côté. Gros con, j’arrive dire.

4.
Parions que je peux te séduire, chuchote-t-il, après que j’avais arrêté de rire. Quelle est la mise, demande-je, sais tu donc tout ? Oui, et aucune question ni aucun désir ne m’est étranger. Tu peux tout avoir. Un souhait pour le monde? Oui. D’accord alors, mais seulement si tu sais ce que je veux, dis-je à l’étranger. Ricanant fortement il se retourne vers moi et acquiesse. Eh, attends, est-ce que je peux encore poser une question concernant ma famille? Jésus Christus, maudit-il et dit : Oui, d’accord, une petite question, parce que c’est toi. Merci beaucoup, dis -je et pose la question : Qu’est-ce qu’il y a entre toi et mon oncle ? Il sourit amusé et répond : Cela regarde que ton oncle et moi, et ses yeux brillent. Continnons dit-il en me regardant, dis-moi, ce que tu veux savoir. La vérité, dit-je, la vérité. Alors, tu la connaitras si j’échoue à deviner ton souhait, mais si c’est moi qui gagne, toi et ta famille perdront tout. D’accord, répondis-je à l’étranger, si tu sais ce que je veux de toi, tu peux avoir tout.

5.
Sais-tu que je veux de toi ? Il me fixe, puis son regard s’obscurcit, il semble surpris. Je ne le sais pas, avoue-t-il. En vidant mes poumons, je déclare que je veux son âme pour un moment. Il ricane et dit : pourquoi penses-tu que je pourrais avoir une âme et que toi tu pourrais l’avoir ? Je demande à l’étranger : Ai-je gagné ? tandis que je me roule un nouveau joint. Il répond : oui, je suis honnête. J’allume mon joint, inhale, puis vide mes poumons et sens un petite odeur de souffre. Je regarde autours de moi. L’étranger a disparu et la pluie s’est arrêtée. Je me lève et commence à bouger. Puis j’entends un son dans ma poche. Mon portable a de nouveau du réseau. Je pourrais enfin appeler un taxi, si putain je savais où j’étais. On est en 1995, quelque part dans les environs d’Amsterdam. J’ai 25 ans, j’en ai marre et veux seulement aller dans mon lit. Découvrir le monde, c’est pour demain. Non, pour après-demain.
